Warholisation

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vendredi 14 juillet 2017

Orenthal James

 Les enfants partis au vert, voici venu le temps du nettoyage/rangement estival... Mais aussi celui de regarder quelques émissions en replay, tout en tentant de trier la tonne de papiers accumulés...

 Si dans les années 80 les déboires conjugaux de Donald Trump, avec sa première femme Ivana (oui, il a toujours aimé les grandes filles venues d'Europe de l'est), ont grandement occupé les journaux, américains comme français, c'est O. J. Simpson qui a monopolisé par la suite les divers média, notamment la télévision (Tout le monde n'a-t-il pas encore en tête sa Ford Bronco blanche filant sur l'autoroute, poursuivie par les voitures de police ? Le tout filmé depuis un hélicoptère par des journalistes avides d'images à sensation ?), qui a retransmis son procès, dans les années 90. 
 Le footballeur américain accusé, à juste titre (les preuves étaient accablantes), du meurtre (le 12 juin 1994), particulièrement brutal et sanglant, de son ex-femme Nicole Brown et de son petit ami Ron Goldman, avait été acquitté après de longs mois de procès  (le 3 octobre 1995)...
 J'avais alors compris que c'était grâce à sa notoriété et à sa fortune. Mais en regardant les cinq émissions (de 90 minutes chacune) qui lui sont consacrées, diffusées sur Arte, je mesure que son acquittement tient surtout au fait qu'il était noir. En effet, tandis que ses défenseurs ont principalement joué la "carte raciale" (sujet brûlant aux Etats-Unis), arguant notamment du comportement douteux d'un policier taxé de racisme, le jury composé de nombreux Afro-Américains (dont pas mal de femmes) venus de "downtown" a voulu prendre sa revanche sur l'affaire Rodney King survenue peu de temps auparavant (le 3 mars 1991), affaire où la police de Los Angeles (LAPD) n'avait pas le beau rôle et qui a donné lieu à de violentes émeutes dans la ville.
 L'une des jurées, interviewée aujourd'hui, l'avoue d'ailleurs franchement, après avoir montré un manque de compassion total et choquant à l'égard de la victime féminine. Nicole était battue par O. J. depuis le début de leur mariage (en 1985). Et cette jurée disait qu'elle n'aurait pas dû se laisser traiter comme ça, "point barre".
 Le jury n'était pas à la hauteur, l'accusation s'est parfois fourvoyée, la défense, grassement payée, et roublarde, a multiplié les perfidies. Nombre de noirs croyaient, contre toute vraisemblance, à l'innocence d'O. J.. Plus tard (en 1997), en procès civil (les parents de Goldman étant pugnaces), Simpson a bien été reconnu coupable (condamné à payer 33 millions d'indemnités !). Et puis finalement, en 2007, Simpson, dont les fréquentations n'étaient plus aussi "en vue" qu'auparavant, s'est trouvé piégé dans une rocambolesque histoire de vol et a pris 33 ans de prison pour une affaire moindre. On en finirait par le plaindre, après l'avoir admiré et haï tour à tour... Il est en passe aujourd'hui, en 2017, à tout juste 70 ans, de retrouver peut-être une liberté conditionnelle.
 Fascinante, l'histoire de ce self-made man américain, charismatique, (sportivement et relationnellement) doué et ambitieux, égocentrique et monstrueux, menteur et manipulateur, possessif et jaloux, malheureusement violent en privé et finalement meurtrier. Tellement désireux de plaire et de paraître parfait... Déçu puis déchu. Les nombreuses images d'archives et les témoignages fleuves de ses amis - indéfectibles, voire certains toujours persuadés malgré tout de son innocence !..., ou (souvent) tombant des nues, effarés, ne voulant plus en entendre parler..., et de ses ennemis, de ses avocats ou autre procureur font de cette série d'émissions un roman prenant et émouvant.

 Un homme qui n'a jamais voulu être vu comme un afro-américain, mais comme O.J. Simpson, qui s'est forgé un destin d'exception, dans les meilleur et pire sens du terme. Sa réussite, trop seulement axée sur la gloire, lui aura "tourné la tête"...

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